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12 novembre 2016

World Cricket League Division Four

On revient avec Jean-Michel Boule sur la World Cricket League Division Four qui s’est déroulé au début du mois de novembre.

 

   Bonjour à tous !

   Maintenant que grâce à AFC News vous êtes parfaitement au fait du mode de qualification à la World Cup, il est temps de vous intéresser à ce qui se passe sur la planète Cricket, mais ailleurs que chez les Full Members.  La Division Four s’est déroulée du 29 octobre au 5 novembre aux Etats Unis, tous les matches ayant eu lieu à Los Angeles au Leo Magnus Cricket Complex. Six équipes étaient sur la ligne de départ de ce tournoi donnant deux tickets pour la Division 3, et renvoyant deux autres en Division 5. Les Etats-Unis et les Bermudes étaient les deux équipes reléguées depuis le niveau supérieur,  Jersey et Oman avaient remporté la Division 5 qui s’était déroulée en mai dans l’île anglo-normande. Enfin le Danemark et l’Italie avait participé à la précédente Division 4 en 2014.

   

Pubudu

Les équipes s’étaient préparées différemment avant ce tournoi, certaines ont pu disputer des rencontres, notamment les USA qui ont joué l’Auty Cup face au Canada, série remportée par nos cousins bûcherons sur le score de 2-1. Cela ne douchait pas les espoirs du coach des USA, Pubudu Dassanayake, ce dernier clamait haut et fort avant la compétition que son équipe était favorite. L’ex international Sri Lankais (11 Test Matches) et Canadien déclarait juste avant le début de la compétition : « On a tellement de talent, on doit juste traduire ce talent en performance. Je ne pense pas que nous sommes menacés [dans cette division], spécialement par les Européens. Oman est une bonne équipe parce qu’ils ont joué au World T20. Les derniers mois ils ont bien joué, c’est l’équipe à battre pour nous, ceci étant dit, nous n’allons pas lâcher un seul match. On doit prendre les matches les uns après les autres et donner le meilleur à chaque fois». Il ne manquait plus que l’important c’est les deux points de la victoire. Statistiquement les USA pouvaient croire en leurs 50 étoiles puisque depuis 2009 14 des 19 hôtes des tournois promotion-relégation ont terminé à une des deux premières places.

   

bermuda

Les Bermudes auraient normalement dû faire office de favorites naturels également, mais depuis leur seule participation à la World Cup en 2007, l’équipe est au creux de la vague. Les Caribéens ont du mal à trouver de nouveaux joueurs pour remplacer la génération précédente. A tel point que figurent dans la sélection Janeiro Tucker (41 ans) et Dean Minors, wicket-keeper de 46 ans ! (photo) A côté de ces deux vétérans on trouve aussi quelques joueurs sans trop d’ expérience dont 4 jeunes de moins de 22 ans. De plus la préparation a plutôt été chaotique avec 3 défaites en 3 matches face à un club canadien, dont un cataclysmique innings à 34 all out. Si, avant la compétition, les Bermudes étaient favorites, c’était d’abord pour la relégation.

   

amjhad khan

Le Danemark compte dans ses rangs un ancien international anglais : Amjad Khan (un Test et un T20 pour les Pommies). Le lanceur de 36 ans né à Copenhague n’a plus la fougue de sa jeunesse mais il est encore capable de faire mal aux batteurs adverses. Comme en témoigne ses 6 wickets en 5 matches lors de la Division 1 Européenne de T20 en 2015 où le Danemark a pris la deuxième place à égalité de points avec le vainqueur Jersey, mais battu au net run rate. Pour info la France a participé à cette compétition, et a perdu tous ses matches. Le Danemark ne faisait pas figure de candidat à la montée mais sa série en cours de 5 victoires d’affilée face aux USA lui donnait un statut d’outsider en cas de sixième succès contre les Ricains.

   

carl sandri

L’Italie avait disputé deux World T20 Qualifier en 2012 et 2013 avant de se faire piquer la place par Jersey pour celui de 2015, signe que la trajectoire des Azzuri est en train de s’inverser. Beaucoup de joueurs majeurs de la sélection transalpine manquaient à l’appel pour cette Division 4, mais les Italiens pouvaient compter sur Carl Sandri (photo) qui a participé à la Big Bash League, le championnat australien de T20, avec le Sydney Thunder. Ce qui fait toujours sympa sur le CV d’un joueur d’une nation Associate. Ce joueur de 33 ans était lui aussi présent lors de la Division One Européenne T20 et avait marqué 133 runs en 5 matches à cette occasion, avec deux demi-centuries à son actif. Pour un batteur plutôt habitué au middle order (c'est-à-dire battant entre la 5ème et la 7ème position) c’est vraiment pas mal. Avec la petite taille de certains terrains de Los Angeles, Sandri pouvait être une des armes principales de l’Italie.

   

harrion carlyon

Les joueurs de Jersey, hormis notre ami Pubudu, étaient sans doute ceux qui arrivaient le plus confiants à Los Angeles au coup d’envoi de la Division 4. Quelques mois auparavant les Anglo-Normands avaient remporté la Division 5 à la maison en battant Oman et avaient donc un stock de victoires dans leur sac. Toutefois les protégés du coach Neil McRae ne devaient pas oublier qu’à chaque fois que Jersey avaient obtenu sa promotion en Division 4, c’était pour redescendre en Division 5 aussitôt. Au niveau de l’effectif c’est un peu le grand écart d’âge dans cette équipe. Lors du dernier match Tony Carlyon, team manager de 46 ans, sera obligé de jouer pour faire face à une cascade de blessures. A l’autre bout de la pyramide des âges on trouve un joueur de 15 ans dont Carlyon pourrait être le père. Et ça tombe ben puisque Harrison Carlyon (photo), né en janvier 2001, est bien le fils du team manager. Le petit Harrison disputera 4 matches du tournoi et deviendra le plus jeune joueur à jouer au niveau international, battant ainsi le record de son coéquipier Jonty Jenner, aujourd’hui un vieux de 18 ans et 8 mois. 8 joueurs sur 15 de cette sélection ont moins de 23 ans. Cette équipe très jeune a donc de belles heures devant elle et devrait grimper dans la hiérarchie dans les prochaines années.

   

amir ali

Enfin il restait Oman qui souffle le chaud et le froid chez ses supporters. Capables de battre l’Irlande lors du World T20 de 2016, les Omanais sont pitoyables en One-Day Cricket depuis 3 ans. Enfin la tendance s’est inversée lors de la dernière Division 5 et on pouvait espérer du côté de Muscat, la capitale du Sultanat, que la remontée allait enfin s’enclencher. D’autant plus que Paul Le Guen n’est plus le sélectionneur de l’équipe nationale de foot, le sport omanais a peut-être mangé son pain noir. Amir Ali, le héros de la victoire face à l’Irlande, est de retour dans la sélection après une blessure au poignet qu’il l’a contrait au forfait pour la Division 5. Tous les voyants sont au vert pour cette équipe qui joue en rouge.

 

   Maintenant que les présentations ont été faites, il est temps de rentrer sur le field pour ces 6 équipes. La première journée vit les victoires écrasantes des USA face aux Bermudes et du Danemark face à l’Italie, et le succès assez tranquille, par 6 wickets avec 20 balles restantes, d’Oman sur Jersey. A noter que dans le match Danemark – Italie le titre d’Homme du match fut décerné à Carl Sandri pour ses 59 runs en 37 balles. Alors certes Sandri fut le meilleur batteur du match et il a descendu 3 wickets, mais son équipe fut all out en seulement 21.1 overs pour 100 pauvres runs, quand le Danemark en inscrivit 214 lors des 50 overs réglementaires en ne perdant que 8 wickets. C’est très rare de voir un perdant être homme du match, mais encore plus lorsque son équipe a pris une véritable tôle. Les récompenses individuelles dans le cricket, comme dans le foot d’ailleurs, sont parfois de funestes blagues.

amjhad khan 2

 (Amjad Khan et Anders Bulow dans une imitation d'Angus Young et Dave Grohl face à l'Italie. Rock'n'roll baby !) 

 

   Lors de la deuxième journée, les trois mêmes équipes remportèrent leur match. Oman s’est baladé contre les Bermudes, le Danemark a pulvérisé Jersey, mais les USA s’en sont sorti par un trou de souris face à l’Italie : victoire par 1 petit wicket (avec 22 balles restantes). Finalement les Européens pouvaient être une menace pour les Américains. Le classement indiquait donc trois nations à 4 points et trois autres à 0 point, les choses commençaient à se dessiner dans cette Division 4.

danial ahmed

(Danial Ahmed célèbre le run victorieux face à l'Italie)

 

   La troisième journée allait forcément décanter davantage les choses car il y avait un USA-Oman au programme. Les Américains ont senti passer le souffle du boulet face aux Italiens et ont immédiatement rectifié le tir face aux Omanais. Après avoir restreint leurs adversaires à 163 all out, les joueurs de Coach Pubudu ont massacré les lanceurs d’Oman en inscrivant 165 runs en seulement 29.3 overs, pour seulement 2 éliminés. Steven Taylor, l’ouvreur des USA, a marqué à lui tout seul 124 runs not out. Avec en plus un wicket et trois catches lors de l’innings omanais, il avait grandement mérité le titre d’homme du match. La journée était d’autant plus parfaite pour les hôtes du tournoi que le Danemark avait chuté contre les Bermudes. Les Danois se sont retrouvés à 21/4 après 6 overs et n’ont jamais pu ensuite revenir dans la course malgré des scores intéressants du middle order (Khan 47, Bulow 30) et même d’Iqbal (39, batteur 9). Dans le dernier match de la journée Jersey s’imposait à l’arrache, à 3 balles de la fin, face à l’Italie.

steven taylor

 (Steven Taylor est félicité par Coach Pubudu après sa performance face à Oman)

 

   L’avant dernière journée a complètement rebattu les cartes, que ce soit en haut du classement mais aussi en bas. Dans le choc de bas de tableau les Bermudes ont tout renversé sur leur passage. Jersey s’est fait balayer par 85 runs, et le match a dû être raccourci car le vent a envoyé sur le terrain les panneaux blancs situés dans l’axe du pitch, panneaux installés afin de rendre la balle rouge plus visible pour les batteurs. Le temps de les refixer aux bons endroits, les arbitres ont décidé que la partie se déroulerait en 45 overs et non 50. Mais bon, les Bermudas n’ont eu besoin que de 37.2 overs pour sortir tous les Jersey Boys. Le Danemark allait-il encore battre les USA ? Et bien oui ! De justesse, par 4 wickets à 9 balles de la fin, mais victoire tout de même des Danois qui rejoignaient au classement les Américains. Et comme Oman n’a eu aucune difficulté pour venir à bout des Italiens, on avait 3 équipes à 6 points avant la cinquième et dernière journée du round robin. Tout était encore possible pour la montée, pour la descente aussi, même si l’Italie était déjà condamnée et que les Bermudes avaient une avance confortable sur Jersey avec une victoire en plus, mais surtout 0.800 point de net run rate d’avance. En cas d’égalité de points à la fin de la Division, cela aurait sans doute son importance.

danemark

(Le Danemark n'était pas une menace fantôme pour les Américains)

 

   Au programme de la dernière journée, la Division 4 nous offrait USA - Jersey, Bermudes – Italie, et vous l’avez donc compris Danemark – Oman. Les USA étaient tranquilles au coup d’envoi car, largement devant le Danemark et Oman au net run rate, il faudrait une énorme catastrophe pour que les USA finissent derrière le perdant de leur confrontation. Restait aussi la probabilité très faible du Tie qui donnerait un point aux deux équipes pendant que Jersey créerait une surprise face aux hôtes. Le Tie on a failli l’avoir ce jour là puisque les USA ont perdu d’un run face à Jersey ! Défaite sans conséquence puisque le Danemark a encore une fois craqué dans cette semaine de compétition. Pourtant Oman n’avait pas fait une grosse performance à la batte en n’inscrivant que 189 runs en 46.4 overs. Le premier wicket est tombé à 25 après 5 overs. Moins de 60 balles plus tard le score des Omnais était de 62/5. Les Danois n’étaient pas trop mal partis en pointant à 91/3 après seulement 18 overs. Mais deux balles plus tard le nombre de runs n’avait pas évolué et deux wickets de plus étaient tombés. Oman reprenait espoir et en une quinzaine d’overs les lanceurs éliminaient le reste de l’escouade danoise. Malgré un run rate supérieur le Danemark s’inclinait de 43 runs et manquait l’accession en Division 3. Les Bermudes pouvaient bien perdre de 25 runs face à l’Italie, et finir avec le même nombre de points que Jersey, leur net run rate les sauvait de la catastrophe et assurait leur maintien en Division 4. A noter que ce Bermudes – Italie fut le seul match où on disputa les 100 overs prévus.

 

Alex amsterdam

 (Alex Amsterdam a marqué 102 runs face à Jersey, mais il en a manqué deux pour l'emporter)

 

classement Division 4

 Le classement de la Division Four à l'issue du round robin

 

 

   On connaissait désormais les promus et les relégués, ne restaient plus qu’à fixer les rangs définitifs au sein de cette Division 4 lors des finales de classement. Pour la 3ème et la 5ème place la logique fut respectée avec les victoires du Danemark par 44 runs sur les Bermudes et celle de Jersey (avec le papa et le fiston Carlyon donc) par 42 runs sur l’Italie. La finale tant attendue par Pubudu Dassanayake entre les USA et Oman pouvait avoir lieu et les Américains battèrent les premiers : 208 all out en 49.4 overs. Pas top, la faute aux 3 premiers batteurs qui ont totalisé un run seulement ! Heureusement qu’Alex Amsterdam (batteur 4) a enquillé 50 runs ensuite.  Oman pouvait bien remporter le tournoi au nez et à la barbe des hôtes et ils étaient plutôt bien partis pour le faire mais Jasdeep Singh, déjà auteur d’un joli 37 not out en tant que batteur 10, a bien freiné la progression d’Oman avec 3 wickets, dont ceux de Nadeem et Jatinder Singh (batteurs 7 et 8) alors qu’Oman filait vers une probable victoire. Il manqua 15 runs aux Omanais pour récolter le trophée et Jasdeep Singh pouvait être élu homme de la finale pour sa double performance au lancer et à la batte.

 

mick jagger

(En plus d'avoir remporté le tournoi les Américains posent avec Mick Jagger, grand fan de cricket, pour la photo finale)

   Rendez-vous maintenant en 2017 en Ouganda pour la Division 3 !

 

   A très bientôt sur la planète Cricket … et wicket !

 

Jean-Michel Boule   

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