90ème + 7200

     Lors des huit derniers jours se sont déroulés quelques matches du 1^er tour qualificatif de l’Euro U19 féminin. C’est l’occasion pour Marianne Moka de revenir sur une histoire peu banale ayant un rapport avec cette compétition.

     Salut les fiottes !

    Pendant que la bande à Griezmann se faisait battre en finale de son Euro, les deux compétitions continentales U19 étaient remportées par nos jeunes tricolores. Mais, contrairement aux Séniors, en U19 le titre est remis en jeu chaque année. Les jeunes filles sont déjà sur le pont pour le 1^er tour Qualificatif auquel prennent part 44 nations afin de tenter de se rendre en Irlande du Nord l’été prochain. La France, l’Allemagne, l’Angleterre et bien sur le pays hôte de l’Euro U19 2017 sont exempts de cette première phase qualificative. Les 44 équipes forment 11 groupes de 4, les premiers de chaque groupe et les dix meilleurs deuxièmes seront au rendez-vous du second tour Qualificatif. Tous les matches d’un même groupe se déroulent sur une petite semaine dans un seul pays.

   Tous les groupes n’ont pas encore joué mais, à l’instar de la Champions League féminine, on voit quelques scores fleuves. L’Arménie a pris 8-0 face à la Norvège, puis 7-0 face à la Roumanie et enfin 4-0 face à la Pologne. L’Ecosse en a collé 11 à l’Albanie puis 8 à Chypre, l’Albanie en a repris ensuite 9 face à la Serbie mais sauve l’honneur en battant Chypre 2-0. Dans le groupe 6 la Finlande a écrasé le Kazakhstan 7-0 puis les Iles Féroé 8-0, pendant que l’Islande faisait aussi de la bouillie avec ces deux équipes (10-0 contre les Kazakhs et 5-0 face aux Féringiennes). Mais la palme revient aux Espagnoles qui ont collé 18 pions aux pauvres Lettonnes. Aleksandra Mosonuva, la gardienne de la Lettonie a vu 47 frappes se diriger vers sa cage pendant la rencontre, pendant que ses coéquipières n’arrivèrent à tirer au but qu’une seule fois, et à côté en plus. Ce groupe se disputant en Azerbaïdjan, vu le faible prix des billets on peut dire qu’on a vu du but à bas coût sur ce match ! Olgica Arsova, notre mascotte, fait figure de rempart impassable auprès de la petite Aleksandra.

(La surface de réparation lettonne après le passage des Espagnoles)

    Mais revenons à 2015 lorsqu’un match du deuxième tour qualificatif nous a offert un évènement peu banal. Le groupe 4 était composé de l’Angleterre, la Norvège, la Suisse et l’Irlande du Nord, et se déroulait à Belfast. Les Anglaises et les Norvégiennes s’affrontaient le 4 avril, lors de la première journée et la fin de match fut spectaculaire et particulièrement longue. A la 86^ème minute Bartrip marque un but contre son camp et la Norvège mène 2-0. Sacré bad trip pour les British. Mais on connait le fighting spirit à l’anglaise, et deux minutes plus tard Ayane réduit le score. Nous sommes au bout des arrêts de jeu lorsqu’une Norvégienne crochète une adversaire dans la surface de réparation. Madame Marija Kurtes désigne le point de pénalty sans hésiter une seule seconde. Leah Williamson s’élance et trompe facilement Aurora Mikalsen. Score final 2-2. Non car l’arbitre a bien vu que Rosella Ayane était rentrée dans la surface avant que le pénalty ait été tiré. Logiquement Madame Kurtes annule le but… mais donne un coup-franc indirect aux Norvégiennes qui se dégagent et dix huit secondes plus tard, l’arbitre siffle la fin du match.

(Rosella Ayane est prise par la patrouille pour franchissement de ligne blanche)

    Là, vous voyez bien qu’il y a un problème, les Anglaises aussi évidement. Si l’arbitre a eu raison d’annuler le but, elle aurait dû faire retirer le pénalty et non rendre le ballon à la défense. La délégation anglaise a donc déposé une réserve technique, réserve qui fut bien entendu acceptée par l’UEFA. Il fut alors décidé qu’on rejouerait la fin du match, avec les mêmes joueuses présentes sur la pelouse au moment de l’incident et avec le temps qu’il restait à disputer. 18 secondes donc. Mais entre temps les deux équipes ont dû jouer leurs deux autres rencontres. L’Angleterre étrilla l’Irlande du Nord 9-1 et battit la Suisse 3-1. La Norvège en fit autant quasiment : 8-1 face aux Irlandaises et 2-0 contre les Suisses. Au classement la Norvège est première, l’Angleterre deuxième, mais pas qualifiée en tant que meilleur deuxième. A moins que le pénalty ne soit converti.

(Mo Marley, coach des U19 Anglaises, a un petit problème de coordination au moment de dire tout le bien qu'elle pense de Madame Kurtes)

    Norvégiennes et Anglaises se retrouvèrent sur la pelouse du stade de Seaview à Belfast le 9 avril à 21h45, alors qu’elles avaient disputé un match dans l’après-midi. Cette fois-ci Marija Kurtes n’est pas de la partie, l’UEFA l’ayant renvoyé chez elle après sa bourde. On plaça donc directement le ballon sur le point de pénalty norvégien et Leah Williamson se représente devant Aurora Mikalsen. Sans trembler, Williamson tire du même côté et cette fois-ci le but est accordé. Dix-huit secondes plus tard l’arbitre siffle la fin du match, et cette fois avec ce score de 2-2 c’est l’Angleterre qui termine première du groupe et donc qualifiée pour l’Euro U19 2015.

    Mais tout est bien qui finit bien, car la Norvège, avec ce résultat, termine meilleur second et donc valide aussi son ticket pour le tournoi final. A l’issue d’une partie dont les 18 dernières secondes auront duré 5 jours.

 

   (Marija Kurtes : "La règle je la connais par coeur, mais, à la FIFA, ils ont vraiment cru que j'allais me geler les miches pendant une semaine à Belfast au mois d'avril ?")

     Allez, salut les fiottes !

Marianne Moka

 Voici un petit résumé en images (et en VO) de cette affaire :

     Quelle histoire ! Quand votre femme vous dira qu’elle est prête dans 5 minutes, pensez à ces fameuses 18 secondes entre l’Angleterre et la Norvège, et vous verrez que vous aurez largement le temps de regarder un match de foot dans son ensemble.